Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                        LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE N°18 page 64

 

 

La rigole de la montagne (Canal du Midi) : un traçage difficile

Par Gérard Crevon

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Le Canal du Midi est un ensemble hydraulique complexe. Son élément central, c'est assurément son système d'alimentation. Et la clé de voûte de celui-ci, c'est la rigole de la montagne. Sans les eaux abondantes de la Montagne Noire, pas de Canal du Midi possible, ou alors à quel prix (1) !

Dans sa configuration actuelle le système alimentaire paraît un peu compliqué avec deux canalets vaguement parallèles, l'un dans la montagne, à plus de 600 mètres d'altitude, l'autre dans la plaine, au dessous de 250 mètres, coulant tous deux d'est en ouest. Brouillant l’intelligibilité du schéma, ces deux branches communiquent en deux endroits. D'une part, le Sor relie le milieu de celle de la montagne au début de celle de la plaine (2). D'autre part, à son extrémité, les eaux de la branche haute rejoignent celles de la branche basse en utilisant le lit du Laudot. Celui-ci est barré, à mi-parcours, par la digue de Saint-Ferréol qui permet d’emmagasiner des réserves pour les mois de pénurie.
Après avoir plus que doublé son débit en captant ce torrent (3), la rigole de la plaine gagne le seuil de Naurouze, en traversant d'abord le large couloir qui unit les terroirs de Revel et de Castelnaudary, puis en longeant la première cuesta (4) du Lauragais. Cette complexité apparente du système est le fruit de son histoire. En fait, le segment occidental de la rigole de la montagne, entre sa liaison avec le Sor et son déversement dans le Laudot, ne fut pas creusé par Riquet mais seulement sept ans après sa mort.

 

Le défi à relever

 

Pour Riquet le problème se posait donc initialement en ces termes : il s'agissait de détourner l'eau de la rivière d'Alzeau, qui coule à la lisière orientale de la forêt de Ramondens, pour la conduire, par pente naturelle, au col du Conquet, 8 Km plus à l'ouest (à vol d'oiseau). Là, en utilisant un petit talweg pentu, il la déverserait dans le Sor qui coule au dessous. Il la reprendrait ensuite bien plus bas, en aval de Durfort, et, longeant le pied de la Montagne Noire, captant au passage celle du Laudot, il l'amènerait tout d'abord au seuil de Graissens, sous Saint-Félix-de-Lauragais, puis au seuil de Naurouze.

Pour aller du Sor à Naurouze, le chemin est évident, la vieille rigole "consulaire" (5)  montre la voie.

Mais pour aller de l'Alzeau au Conquet il faudrait traverser un certain nombre de vallons, parfois ouverts, parfois encaissés, dont les plus importants sont ceux de la Vernassonne, du Lampy et du Rieutort. Inventer un itinéraire en très légère pente, c'est à dire presque horizontal, dans cette vieille montagne aux reliefs souvent arrondis mais parfois abrupts, et en partie boisée, n'était pas une affaire simple. Pour y parvenir, il fallait avant toute chose avoir une bonne connaissance de la contrée et se donner suffisamment de points de repères. L'outil le plus pratique pour rassembler ce type d'information, c'est naturellement la carte géographique.

 

 

La Rigole « des Consuls » devenue rigole « de la Plaine »
photo G.C.

  

 


Au milieu du XVII° siècle, la cartographie n'était pas encore très développée. Il existait bien des cartes du Languedoc, mais à l'échelle de la province ou d'une grande partie de celle-ci. Il est certain que Riquet ne disposait d'aucun plan à petite échelle du secteur qui l'intéressait. Il a donc dû en dresser un lui-même. Au mémoire qu'il soumit à Colbert en novembre 1662 était joint un "dessin", maintenant perdu, qui était certainement une carte sommaire sur laquelle figuraient les cours d'eau cités plus haut.

 

 

 

Extrait de la carte de la rigole d'essai par François Andréossy, 1666,
Archives du Canal du Midi - V.N.F.   secteur Arfons - Les Cammazes - Saint-Denis.

 

B : L'Alzeau, rivière ; C : La Bernassonne, rivière ; D : Le Lampillon, rivière (nom actuel : Lampiot) ; E : Le Lampy, rivière ;
F : Le Rieutort, rivière ; G : rigole d'essai ; H : Le Sor, rivière, section à l'amont du confluent avec la rigole ;
 I : Le Sor, rivière, section à l'aval du confluent avec la rigole

 

  


 

 

Carte sommaire de la rigole d’essai et de la rigole finale dans la Montagne Noire entre La Galaube et L’Alquier
(Gérard Crevon)

 

 

 

 

Carte schématique des différentes branches de la rigole d’alimentation du Canal du Midi (Gérard Crevon)

 

 

 

 

 

 Ainsi qu'ils le mentionneront dans leur rapport (6), c'est sur la base de ce "dessin" qu'à la fin de 1664 travailleront les commissaires et les experts chargés par le Roi et les Etats de Languedoc d'évaluer le projet. Pour lever un tel plan il est vraisemblable que Riquet mesurait les distances au pas et disposait d'une boussole (7). En fait, de son propre aveu, l'instrument qu'il utilisait le plus était le niveau. Il devait certainement pratiquer un appareil à perpendicule (8), sur lequel la visée se faisait à l’œil nu. C'est avec cet instrument aux performances limitées que l’homme de gabelles réussira l'exploit technique de tracer le chemin de la rigole et d'amener l'eau de l'Alzeau jusqu'au seuil de Naurouze. Celui qui l'initia à l'art du nivellement, Pierre Campmas, le fils du fontainier de Revel (9), le secondera pendant des années dans ses recherches sur le terrain. Vers 1668, le géodésien Jean Picard concevra un appareil utilisant comme viseur une lunette à réticule, augmentant considérablement la précision (10). Riquet le rencontrera en 1674 (11), et peut-être adoptera-t-il alors son instrument.

 

Le projet initial (1663)

 

Le premier devis (12) rédigé très vraisemblablement dès le printemps de 1663 nous fait connaître de façon succincte la manière dont Riquet comptait, au départ, conduire les eaux de l'Alzeau au col du Conquet. Captant l’Alzeau près du moulin de La Galaube, un fossé de 2 m de large sur autant de profondeur contournerait le massif de Ramondens par le sud, capterait au passage la Vernassonne, et rejoindrait un col à l’est de la métairie du Cammas. Là, les eaux se déverseraient dans un talweg affluent du Lampiot pour rejoindre ce ruisseau dans lequel elles  seraient reprises un peu plus bas par un nouveau fossé qui les conduirait au torrent du Lampy et de là à un col donnant communication avec le vallon du Rieutort. Comme dans le cas du Lampiot elles descendraient jusqu’à ce ruisseau par un talweg affluent. Elles seraient reprises en aval par un troisième fossé qui les amènerait dans le col du Conquet depuis lequel elles se jetteraient enfin dans le Sor par l’intermédiaire d’un dernier talweg affluent.


Le projet des commissaires (1664)

 

Le rapport des experts déjà cité nous expose un projet assez différent du précédent. Les conceptions de Riquet auraient-elles changé entre temps ? Ou bien, comme le pense, avec de très sérieux arguments, Michel Adgé, ce rapport ne traduirait-il pas plutôt celles des experts ? 

En premier lieu, on voulait pratiquer le "regonflement" des ruisseaux principaux, ce qui consiste à élever le niveau de l'eau à l'intérieur des vallons, jusqu'à une hauteur suffisante, au moyen de barrages qu'on établirait en des endroits propices. Puis, ayant repéré les passages les plus faciles dans les chaînons arrondis qui séparent les bassins, on se proposait de les relier par des rigoles et d'abaisser le plus important en y creusant un tunnel.
Ainsi, par lacs, rigoles et tunnel, on conduirait les eaux depuis l'Alzeau jusqu'au Sor.

Le trajet que l'on avait alors fixé peut être reconstitué comme suit : sous le col de l'Alquier, immédiatement à l’ouest de celui du Conquet, serait creusée une « mine » (13) longue de 220 m pour mettre en communication la vallée du Sor avec le versant sud de la montagne. L’entrée de cette galerie serait reliée au bassin du Rieutort par une rigole longue de 870 m. Sur ce ruisseau serait édifié un barrage de 24 m de haut, 96 m de long et 10 m d'épaisseur à la base. Cet édifice serait implanté au sud-ouest de la ferme du Conquet. De la rive opposée du petit lac ainsi créé on gagnerait la vallée du Lampy par une autre section de rigole longue de 120 m.

On formerait une nouvelle retenue sur ce deuxième torrent, en bâtissant une digue de 40 m de haut, 130 m de long et 16 m de large à la base, au lieu-dit Pas-de-Lampy, que l'on peut situer à l'ouest de la ferme Compagne, près du confluent avec le Rieutort. Ici, changement de procédé : à l'amont de cette retenue on utiliserait le lit du Lampy, puis celui de son affluent le Lampiot, pour conduire les eaux captées. Au-delà, on reviendrait à la méthode du fossé artificiel, mais les renseignements, consignés dans le rapport des experts, sont beaucoup plus flous, et la reconstitution du trajet plus incertaine. Il semble qu’à partir de là on suive un itinéraire proche du projet initial. A l’amont du Lampiot, un Pas-de-Nespouille mènerait à la Vernassonne qui serait, elle-aussi, regonflée par une chaussée pour transférer les eaux dans le Lampiot. Enfin, de cette dernière retenue, la rigole irait traverser un Pas-de-la-Maison-Grave, puis cheminant longuement à flanc de versant, rejoindrait l'Alzeau très nettement en amont de La Galaube (14).


Le verdict des commissaires (1665)

 

Riquet avait suivi de près les travaux de la commission sur le terrain. Avant même que les commissaires n'aient rendu leur rapport, il en donna un compte-rendu succinct à Colbert (lettre du 20 décembre 1664). Il mentionne tout d'abord les améliorations préconisées :

"... Les eaux de la montagne Noire, ou, pour mieux m'expliquer, du bois de Ramondens, ont été jugées suffisantes pour l'entretien du Canal de navigation proposé, et la conduite au point de distribution possible, mais de dépense plus grande, et de difficulté, que je ne l'aurais dit, d'autant que pour avoir toutes les eaux de ces rivières-là, au lieu de les prendre près de leurs sources comme je faisais, à dessein de conserver leur hauteur pour les pouvoir passer sur la superficie de la terre, on a jugé être mieux, au contraire, de les prendre au plus éloigné de leurs dites sources ; ce qui oblige à faire plusieurs chaussées de grande dépense pour l'élévation des eaux, et à miner (15)  une montagne cent toises [200 m] en travers pour les passer.  ... "

"... ; et, afin que semblable avantage se puisse rencontrer pendant les quatre mois de sècheresse, il a été jugé nécessaire de faire en hiver quinze ou seize magasins d'eau dans des endroits très favorables qui se rencontrent dans la dite montagne et sur le courant des dites rivières. Cela se peut faire sans difficulté, et non pas sans dépense, car il faut de fortes chaussées, mais l'espoir des avantages qu'on en espère doit rendre ces obstacles de peu de considération ; l'invention de ces magasins rend la navigation du Canal perpétuelle, ..."

Puis il fait part des doutes subsistant chez les commissaires, et propose une solution pour les lever :

"... la jonction des rivières de la montagne Noire, leur conduite aux Naurouzes, les chaussées, les magasins d'eau, et la mine dont mention est faite ci-dessus, était (sic) l'embarras et ce qui faisait le plus de peine à MM. les commissaires et experts. Il est vrai, Monseigneur, que cela n'est point sans difficulté, et ... ... je veux bien m'engager par un forfait à cette difficile besogne, ... ..., avec cette stipulation que je ne pourrai recevoir aucun argent de mon forfait que je n'aie fait connaitre par une démonstration sensible, ou, pour mieux m'expliquer, par une petite rigole, qu'il est possible de mener toutes les dites rivières aux Pierres de Naurouze..."

Ayant, pendant un mois, reconnu, arpenté et nivelé l'ensemble du trajet de Toulouse à la mer, les experts et les commissaires rendirent, le 19 janvier 1665, un rapport circonstancié dont la conclusion était largement favorable au projet de Riquet, mais qui s'achevait néanmoins sur cette recommandation :

" ... comme il ne serait pas juste d'entreprendre un dessein de cette importance, soit pour la gloire du Roi, soit pour la dépense qu'il y a à faire, sans être convaincu par une démonstration plus certaine que le raisonnement, celle de l'expérience, nous croyons que l'on pourrait tirer un canal de deux pieds [65 cm] de large pour faire couler un filet de la rivière de Sor jusqu'au point de partage, ... ..., afin qu'étant persuadés par cet essai, dont la dépense serait médiocre, on pût entreprendre hardiment le plus avantageux ouvrage qui ait jamais été proposé."

A ce rapport était annexé un devis en 167 articles, dont 16 concernaient la rigole, élaboré par les deux experts de la commission : MM. Vauroze et Boutheroue.

Ce dernier (16) bénéficiait d'une "longue expérience acquise dans les travaux et l'administration du Canal de Briare dont il était l'un des propriétaires."

 

La rigole d'essai (1665)

 

En mai 1665 le roi chargea donc Riquet de réaliser "les rigoles nécessaires pour faire l'essai de la pente et de la conduite des eaux".

Comme ce n'était qu'un ouvrage probatoire il convenait d'y procéder au moindre coût. Il n'était donc pas question de construire les grands barrages ni de creuser le tunnel prévu dans le rapport des experts.
C’est ce que Riquet exposait à Colbert dans sa lettre de juillet 1665 :
« Quant à la réussite, elle est infaillible, mais d’une manière toute nouvelle, et où jamais personne n’avait pensé. Je me compte dans ce nombre, car je puis vous jurer, Monseigneur, que le chemin par où je passe maintenant m’avait été toujours inconnu, quelque diligence que j’eusse faite pour le découvrir. La pensée m’en vint à Saint-Germain : j’en songeai les moyens, et, quoique fort éloigné, ma rêverie s’est trouvée juste sur les lieux. Le niveau m’a confirmé ce que mon imagination m’avait dit à deux cents lieues loin d’ici. Par cette nouveauté, je dispense mon travail de tous regonflements, de toutes chaussées et de toutes mines, et je le conduis par la superficie de la terre, par enfoncements égaux et par pentes naturelles, en sorte que je rends la chose aisée et d’entretien facile, et je décharge la grande rigole de dérivation d’environ 400 000 livres de dépenses que les regonflements, les chaussées et les mines avaient été évalués, outre le long temps qu’il aurait fallu pour l’assemblage des matériaux et pour la construction. »

En réalité Riquet revenait quasiment à son projet initial, … mais il ne fallait pas désavouer les commissaires !
Nous connaissons les détails de la solution adoptée par deux documents : une "relation" (17) anonyme rédigée deux mois après l'opération, et la carte (18) qu'Andréossy leva sur l'ordre de Riquet l'année suivante (c'est la première carte que nous possédons de cette région). En m'aidant de ces deux pièces, j'ai pu retrouver les nombreux vestiges, encore subsistants dans la montagne, de cette rigole d'essai presque totalement oubliée (19). Mais j'avais sur les niveleurs du XVII° siècle un avantage décisif : je disposais des cartes I.G.N. au 1/25.000° où figurent les courbes de niveau. Partant du col du Conquet, cette rigole rejoignait le ruisseau du Rieutort qui était dérivé par une petite chaussée.

 

 

La « Rigole d’essai » près de la Vernassonne.  Photo G.C.

  

 


A partir de cet endroit, la rigole empruntait le lit amont du ruisseau, puis un petit affluent de rive gauche, descendant d'un col donnant sur le bassin du Lampy.

Sur ce segment particulier, les excavations se limitaient aux seuls petits aménagements indispensables. Là, on avait donc bifurqué sur un itinéraire totalement différent de celui vu avec les commissaires l'année précédente. Ensuite, la rigole redevenait un fossé artificiel, et, traversant le col, se dirigeait sur le hameau de Leignes, à une vingtaine de mètres au dessus du lac actuel, où elle obliquait vers le nord pour atteindre le ruisseau du Lampy après avoir longuement sinué dans les nombreuses petites combes affluentes. Après avoir détourné ce ruisseau par une petite chaussée, elle repartait vers le sud, traversait le Lampiot, et franchissait la large croupe, dénommée Plo du poteau, qui donne sur le bassin de la Vernassonne (20). Elle obliquait alors vers l'est et occupait globalement l'emplacement de la route forestière moderne qui parcourt le flanc sud du massif de Ramondens jusqu'au torrent des Coudières. Dans tout ce secteur, la rigole d'essai courrait à une bonne quarantaine de mètres au dessus de la rigole actuelle, parfois dans des endroits escarpés, notamment au Trabès del Touart. Après avoir contourné deux épaulements, elle rejoignait enfin l'Alzeau juste en amont du pont de La Galaube.

Pour le segment de la plaine, Riquet s'était connecté au Sor nettement plus haut que le Pont-Crouzet, la prise d'eau de la rigole "des consuls". Il se donnait ainsi une pente confortable pour rejoindre le seuil de Graissens (21).
Le printemps ayant été consacré par les niveleurs à la définition du tracé et à son piquetage, les travaux de creusement furent menés « tambour battant » de juillet à octobre. Ils couvrirent une longueur de 16 Km dans la montagne et 45 Km dans la plaine. Riquet put, à cette occasion, se familiariser avec l'organisation d'un grand chantier de génie civil. L'essai officiel eut lieu le 9 novembre 1665 devant les intendants du Languedoc. Ce fut un succès complet : au grand étonnement des sceptiques et des détracteurs, l'eau de l'Alzeau coula à Naurouze, soulevant l'enthousiasme.

 

Le devis du Chevalier de Clerville (1666).

 

L'affaire était entendue, le Roi décida sa réalisation. Au milieu du XVII° siècle, les gens les plus expérimentés en génie civil étaient les ingénieurs militaires. Aussi, en février 1666, Colbert confia au Commissaire Général des Fortifications, le chevalier de Clerville, le soin de rédiger le cahier des charges des travaux du Canal. Déjà, en 1663, la situation des ports du Languedoc étant devenue problématique, ce ministre l'avait chargé d'étudier une solution. La décision de construire un port à Sète allait résulter de ses observations.

Puis, en avril 1664, il lui avait demandé d'examiner sur le terrain, indépendamment des commissaires, le tracé du canal proposé par Riquet. Enfin, en 1665, il avait inspecté la rigole d'essai. Donc, en 1666, cet ingénieur était en charge du document qui servirait de base pour l'adjudication des travaux.

Le 5 octobre, il rendit un "Devis de ce qui est à faire pour joindre la mer Océane à la Méditerranée par un canal de transnavigation qu'on projette de tirer de Toulouse à Narbonne" (22).

S'il laisse des latitudes à l'entrepreneur pour choisir le chemin à suivre et l'emplacement des divers ouvrages à construire, il décrit, par contre, de manière précise, détaillée et complète, la façon dont les dits ouvrages devront être réalisés, donnant les profils, les dimensions, la constitution, prévoyant des aménagements pour se protéger contre les effets néfastes des crues, et exposant les raisons qui justifient les uns et les autres. Une partie importante concerne le système alimentaire, dont les détails les plus importants sont les suivants :

"La rigole en question se prendra de la rivière d'Alzau dans la dite Montagne Noire, d'aussi haut qu'il sera nécessaire pour en pouvoir amener toute l'eau dans le canal en question, par des lieux moins escarpés et moins penchants que ceux qui avaient été occupés dans l'essai qui s'en fit ... l'année passée ; ..."
"Après avoir pris les eaux de la rivière d'Alzau et les avoir détournées dans la rigole en question ..., il faudra ensuite prendre celles de Vernassonne, de Lampy, Lampillon et de Rieutort, pour les mener ... jusques auprès du village des Cammazes, d'où il les faudra toutes jeter dans la rivière de Laudot qui passe dans le vallon de Vaudreuille, afin de les conduire au point de partage, tant par le canal ordinaire de cette dernière rivière, duquel on se peut servir depuis son commencement jusques au dessous du lieu de Montcausson ..."

 

 

Le « Lampy-Vieux » : on distingue la belle maçonnerie de parement du barrage aménagé par Vauban. Photo G.C.

 

  

 


S'il projette de prendre des eaux dans le Sor, c'est uniquement de manière complémentaire en fonction des besoins, en utilisant le segment de plaine de la rigole d'essai, mis au nouveau gabarit.
Pour parer aux pénuries estivales "... il sera nécessaire de faire autant de réservoirs qu'il conviendra d'en avoir : ou dans le vallon de Vaudreuille, dans lequel il se trouve de fort grandes commodités pour cela, ou dans tel autre endroit qu'il sera jugé à propos d'en faire, à proportion de la nécessité qu'avec le temps on trouvera qu'on en ait ; ..."

 

La rigole finale de Riquet (1667 – 1672).

 

Au mois d'octobre de 1666, Louis XIV signa l'édit de création du Canal de Languedoc, et, quelques jours après, Riquet se vit adjuger la "première entreprise", qui comprenait la construction du système alimentaire et de la voie de navigation de Toulouse à Trèbes, près de Carcassonne.

Conformément au devis, Riquet s'attaqua en priorité au dispositif d'alimentation. Probablement pour aller plus vite à moindre coût, il décida de ne pas suivre au pied de la lettre le texte de Clerville. Dans la montagne il construirait le tronçon de l'Alzeau au Conquet pour déverser ses eaux dans le Sor comme dans son projet initial, sans écarter néanmoins la construction du tronçon du Conquet aux Cammazes et au vallon du Laudot, mais la repoussant à plus tard  (23) .
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Dans la plaine il aménagerait l'antique rigole "consulaire", et la prolongerait jusqu'au seuil de Graissens, où il réutiliserait ensuite l'ouvrage d'essai, qu'il mettrait au nouveau gabarit jusqu'à Naurouze.
Par contre, pour le stockage, il retenait d’emblée la suggestion de Clerville : au lieu de la quinzaine de petits réservoirs projetée auparavant, il construirait un très grand barrage à Saint-Ferréol, dans le vallon de Vaudreuille, et il le complèterait même par un grand bassin de régulation au point de partage, au seuil de Naurouze (24).

La première phase fut donc de déterminer les tracés. Si l'itinéraire de la rigole de la plaine entre Revel et Graissens était évident, le point délicat était le traçage de la rigole de la montagne. L'ouvrage probatoire ayant montré qu'on pouvait faire autrement à bien moindre coût, Riquet avait définitivement abandonné la méthode du "regonflement". D'autre part, le devis lui prescrivant un parcours qui ait la plus faible altitude possible, il n'était pas question de réutiliser la rigole d'essai, pas plus que de suivre la partie orientale du projet de 1664 et de remonter successivement les lits du Lampy et du Lampiot.

En définitive, il fallait trouver le trajet le plus court possible, présentant la pente la plus faible compatible avec un débit correct, et minimisant le volume des terres à excaver. Riquet décida donc que le canalet courrait à flanc de versant, en traversant les cols en tranchée là où c'était possible. La première opération, qui conditionnait le restant du tracé, consistait à fixer l'altitude d’arrivée de la rigole au col du Conquet. Dans sa partie amont, le Rieutort serpente dans une espèce de plaine suspendue qui s'achève sous ce col par une rupture de pente précédant un goulet. Entrer dans cette sorte de plaine au niveau naturel du col aurait impliqué que la rigole fasse un long détour dans le fond du vallon. Par contre, en passant à l'altitude de la rupture de pente on minimisait la distance à couvrir.

Riquet décida donc de pratiquer une tranchée dans le col du Conquet et sa profondeur fut fixée à 8 m de façon à traverser le vallon du Rieutort le plus directement possible. Grâce à cela la rigole rejoint ce ruisseau au début de la plaine. De cet endroit on avait le choix entre deux options pour gagner la vallée du Lampy : soit contourner par l'ouest le mamelon, culminant à 655 m, se trouvant au sud, soit emprunter un deuxième col à l'est de cette éminence. C'est cette dernière solution que Riquet adopta.

En conséquence, après avoir atteint le Rieutort, la rigole emprunte sur 300 m le lit de ce ruisseau, ici très faiblement pentu, qui fut rectifié et mis au gabarit. Elle le quitte, là où elle en reçoit les eaux, pour continuer sa route en direction du second col. Ce dernier possède une altitude plus grande que celui du Conquet.
Riquet choisit d'y pratiquer une tranchée, profonde de presque 20 m, creusée en partie dans la roche vive. Passé cet obstacle, la rigole progresse sur le flanc droit de la vallée du Lampy. Une tranchée de 3 m de profondeur permet d'éviter de contourner le mamelon de La Rassègue, culminant à 633 m.
Au site nommé Le Lampy Vieux, la hauteur de la rigole au dessus du talweg est relativement faible. Mettant en œuvre une prescription de Clerville, Riquet y construisit un petit aqueduc pour rejoindre au plus court le versant gauche. L'intendant d'Aguesseau a décrit cet ouvrage dans son rapport de 1684 :

"La chaussée et aqueduc de Lampy est un bâtiment de pierre très dure maçonnée avec mortier de chaux et sable, ayant trois toises réduites de haut, six de base, et deux de couronnement, au milieu duquel il y a un canal d'une toise [1,95 m] de large et d'une toise de profondeur, revêtu de bois. Cet ouvrage, dans lequel il y a 662 toises cubes de maçonnerie, a été fait pour éviter un grand détour de la rigole et pour la garder des inondations de Lampy et de Lampillon, qui passent par un arc sous l'aqueduc de Lampy, lequel a besoin de réparation parce qu'il perd de l'eau de la rigole."(25)

 

La « Rigole de la Montagne » vers le Conquet Photo : G.C.

  

 


Le torrent du Lampy est capté 500 mètres en amont, et ses eaux conduites par un canalet secondaire à l'entrée de cet ouvrage particulier. A la suite de quoi la rigole s'oriente vers le sud-ouest pour contourner un épaulement, puis repartir vers l'est. Quelques talwegs plus loin une dernière tranchée, profonde de 10 m, permet de passer directement au nord de l'éperon de Montaut (culminant à 651 m) et d'entrer dans la vallée de la Bernassonne. La profondeur du ravin ayant dissuadé de faire un aqueduc, on remonte alors nettement vers le nord pour franchir le torrent, puis l'ouvrage contourne le massif de Ramondens par le sud. Son altitude suffisamment basse lui permet de passer au pied des abrupts du "Trabès del Touart" qui avaient posé des problèmes lors du creusement de la rigole d'essai.

On atteint finalement l'Alzeau au niveau de "La Forge", très en aval de La Galaube. Les travaux de creusement dureront de 1667 à 1672 tant pour les rigoles que pour le barrage de Saint-Ferréol. La rigole de la plaine sera inaugurée par de hautes personnalités de la province en mai 1668. La longueur de l'ouvrage est de 18,5 Km dans la montagne et 44,5 Km dans la plaine. Sur un quart de son parcours montagnard, la rigole sera pratiquée dans la roche vive (granite), ce qui requerra l'usage de la poudre.

 

 

La rigole d'essai peu avant sa traversée du ruisseau du Lampy, elle est taillée dans le talus qui domine ce cours d'eau en rive gauche.
Le personnage est debout dans la rigole. Photo G.C.

En amont du Lampy, rigole d'essai

La rigole d'essai passant curieusement entre deux rochers, entre La Galaube et les Coudières.

Contrairement à une opinion répandue Riquet n'a pas fait creuser ce passage mais a utilisé une large faille naturelle existant dans un énorme bloc de granite pour faire passer sa rigole. Cependant comme la faille était moins large que la rigole, celle-ci devait ici être plus profonde.  Photo : J.P.C.

 

 

 

Torrent des Coudières, chaussée rigole d'essai

 

Le torrent des Coudières à l'endroit où la rigole d'essai le traversait (et le captait). La rigole arrivait de la droite de la photo et passait sensiblement où est le groupe de personnes, d'où elle obliquait pour traverser le ruisseau juste à l'amont des amoncellements de blocs qui sont un vestige de la chaussée qui barrait le torrent à cet endroit. Cette construction a été démolie lorsque la démonstration fut terminée, l'eau s'écoule entre les blocs.
Photo : J.P.C.

 

 

Les compléments de Vauban (1686-92)

 

Riquet s'éteindra le 1er octobre 1680 sans avoir terminé son œuvre. Son fils ainé Jean-Mathias, qu'il avait associé depuis plusieurs années à la conduite de cette affaire, prendra le relais. Colbert lui survivra moins de trois ans, et c'est, là aussi, le fils, Seignelay, alors ministre de la marine de Louis XIV, qui prendra la suite du père pour les questions du Canal.
S’il est un sujet dont Riquet n’avait pas appréhendé toute l’ampleur, c’est le phénomène sédimentaire. Il avait été clairement traité par Clerville dans son devis, et Froidour nous décrit (26) les précautions que Riquet avait prises.
Pourtant, chaque crue hivernale apportant son lot d'alluvions, le Canal s'ensabla rapidement (27), au point de créer des interruptions de plus en plus fréquentes du trafic batelier auxquelles il fallait chaque fois remédier par de coûteux travaux de curage. En 1685, Jean-Mathias Riquet demanda l'aide de Seignelay, qui lui envoya Vauban.
Cet élève de Clerville, qui, en 1678, l’avait remplacé au poste de Commissaire Général des Fortifications du Royaume, fit donc une inspection de l'ensemble du Canal et de ses annexes, et prescrivit un certain nombre d'améliorations dont il confia la réalisation à l'ingénieur des fortifications de Languedoc, Provence et Dauphiné, Antoine Niquet.

Dans le dispositif alimentaire, il fit augmenter très notablement la capacité du réservoir de Saint-Ferréol en faisant surélever le barrage de presque 8 m. Mais le haut bassin du Laudot était vraiment trop étriqué pour "nourrir" ce "magasin" à suffisance. Il était donc indispensable de mettre en œuvre la prescription de Clerville et de transférer dans le Laudot les eaux de la rigole de la montagne. Celle-ci se terminant au plan opérationnel au Conquet, sur le versant gauche du Sor, il n'y avait que deux possibilités pour rejoindre le Laudot : soit contourner la montagne par le nord-ouest, soit la traverser dans le secteur où elle est le moins large, près du village des Cammazes. La première impliquait de prolonger la rigole de 5 kilomètres au delà de cette agglomération, sur un versant escarpé. La seconde permettait d'atteindre le talweg visé au bout de 300 m, mais pour cela il fallait creuser une longue et profonde tranchée ou bien percer un tunnel.

« Vauban fit donc achever jusqu'aux Cammazes la prolongation de la rigole commencée par Riquet depuis le Conquet, et là, creuser une galerie longue de 122 mètres, précédée et suivie par une section en tranchée. Il reprenait ainsi l'idée qu'avaient eue les commissaires en 1664 pour passer du Rieutort au Sor. »

Les Cammazes. Sortie sud du tunnel de la rigole
 Photo G.C.

  

 

Vauban fit donc achever jusqu'aux Cammazes la prolongation de la rigole commencée par Riquet depuis le Conquet, et là, creuser une galerie longue de 122 mètres, précédée et suivie par une section en tranchée. Il reprenait ainsi l'idée qu'avaient eue les commissaires en 1664 pour passer du Rieutort au Sor.

Enfin, ayant observé que l'aqueduc du Lampy-Vieux avait des problèmes d'étanchéité il décida de le remplacer par un barrage (28), remettant à l'honneur le concept du regonflement, cher aux experts de 1664. En créant à cet endroit un petit lac, il dotait la rigole d'un bassin de régulation du débit et de piégeage des alluvions (29).

Le prolongement de la rigole et la percée des Cammazes étaient terminés en 1688, les travaux de Saint-Ferréol durèrent jusqu'en 1692. Dès lors, la rigole avait acquis sa physionomie définitive.

 

 

Sortie côté sud. Photo J.P.C.

 

En guise de  conclusion

 

 Trois versions et un complément furent donc nécessaires pour que la rigole atteigne un tracé à peu près optimal. Le déroulement de cette partie du projet, depuis sa première esquisse jusqu’à sa réalisation complète, illustre admirablement la manière toute pragmatique de travailler de Riquet.

Déjà, son contemporain Louis de Froidour avait noté :

 « le sieur Riquet, ne s’attachant pas à suivre ses premiers desseins, les change tout autant de fois qu’il trouve un meilleur parti à prendre »  (30).

De nos jours, Michel Cotte observe : « Riquet tient compte avec discernement des avis des personnalités techniques qu'il rencontre ou que Colbert lui envoie, tout en gardant son indépendance de décision » (31).
Et il qualifie sa méthode d'« approche empirique en plusieurs temps, jumelant les observations de terrain et l'expérimentation » (32). C'est exactement ce qui eut lieu dans l'élaboration du tracé de la rigole.

Par delà son utilité technique fondamentale, la rigole de la montagne attire les simples promeneurs qui apprécient son agrément.

Nombreux sont ceux qui aiment flâner sur son chemin de service, longeant son eau vive, au milieu des forêts profondes. Au cours des mois d'été, lorsque la plaine est brûlée de soleil, le plaisir qu'on y trouve est encore plus vif.

 Alors laissez-vous tenter, et lorsque vous serez là-haut ayez une pensée pour Riquet et pour la laborieuse maturation du tracé de cet ouvrage exceptionnel.

 

 

 

 

 

 

La « voute Vauban » ... Au cœur du dispositif ! (carte didactique touristique des Cammazes).

 

 

NOTES


- 1. Un précurseur de Riquet proposait d'amener les eaux de l'Ariège à Naurouze depuis Cintegabelle.

- 2. Le déversement dans le Sor des eaux de la rigole de la montagne n’est maintenant pratiqué qu’occasionnellement pour réguler le débit de cette dernière (essentiellement en hiver)

-3. En moyenne, 55 % de l’eau fournie au Canal à Naurouze vient de la rigole de la montagne. Cf. Bergasse III, p. 163

- 4. Cuesta : colline allongée dissymétrique, avec un côté redressé et l'autre en pente douce

- 5. Le nom de "rigole des consuls" a été donné par M. Albin Bousquet à ce petit canal, long de 3 Km, qui, depuis le XIV° siècle, alimente Revel à partir du Sor.

- 6. Dans : Descendants de Riquet, 1805, "Histoire du canal de Languedoc", pp. 23 à 25, et 307 à 313

- 7. La chose a été nivelée et boussolée, et trouvée toute telle que je l'avais dite..." lettre de Riquet à Colbert du 20 décembre 1664, dans l'ouvrage cité p. 33

- 8. C’est l’avis de Michel Adgé dans sa thèse de doctorat d’état « La construction du Canal Royal de la jonction des mers en Languedoc (Canal du Midi) » soutenue fin 2011 à l’université de Montpellier III. C’était une règle en fer d’une longueur de 1 m ou 1,30 m, vraisemblablement supportée par des pieds, dont l’horizontalité était réglée au moyen d’un niveau de maçon, donc à fil à plomb, et où la visée se faisait au moyen de pinnules. Il estime qu’il était aussi précis que le niveau à eau (basé sur des vases communicants) et qu’il était mieux adapté aux levés à effectuer sur de grandes distances.

- 9.  Idem note 45, v. p. 10

- 10.  Michel Kasser, 1987 : Picard et le renouvellement de l’art du nivellement à la fin du XVII° siècle

- 11. Riquet fut en contact avec Picard en 1674 au sujet de l'adduction d'eau du château de Versailles à partir de la Loire. Cf. Bergasse I, pp. 52 & 187-189 ; Picard, 1684, Traité du nivellement

- 12. ACM 1-9 ; Cf. Michel Adgé, thèse de doctorat, Montpellier III, 2011

- 13. « mine » : tunnel

- 14. La Maison Grave figure sur le cadastre de 1833 (feuille Arfons/D2, Archives Départementales du Tarn), en rive droite de la Vernassonne à faible distance au nord de l’actuelle rigole. Dans ces conditions, le pas de Nespouille pourrait alors être le large col à 678 m situé à l’Est du Cammas à la limite du Tarn et de l’Aude, et le Pas de la Maison Grave celui dans l’actuel bois d’Abadie au nord-est du dôme à 685 m. Le barrage de regonflement serait placé 200 m à l’aval du pont actuel de la route forestière sur la Vernassonne.  La prise d’eau sur l’Alzeau se situait à l’amont de son confluent avec le ruisseau du Pesquié ainsi que l’indique la carte, dressée par Cavalié et Andréossy, annexée au rapport des experts.

- 15. Miner : percer une galerie.
Vraisemblablement à l'emplacement de l'actuelle tranchée sud du Conquet, entre la vallée du Rieutort et celle du Lampy

- 16. Hector Boutheroue, jeune frère de Guillaume et François, qui, en 1638, reprirent les travaux interrompus du canal de Briare, et les achevèrent en 1642. En 1665, il devint directeur des travaux de navigation sur le Lot.

- 17.  Archives du Canal du Midi (V.N.F.)

- 18.  Archives du Canal du Midi (V.N.F.)

- 19.   D'autres chercheurs (Michel Adgé et ses amis) l'avaient fait avant moi en 1981. J’ai publié une description détaillée de cet ouvrage probatoire : « A la recherche de la rigole d'essai de Riquet dans la Montagne Noire », Les Amis des Archives de la Haute-Garonne, 2012, Petite Bibliothèque n° 181.

- 20. Elle se rapprochait donc à cet endroit de l’itinéraire de la commission de 1664.

- 21. Probablement par crainte qu’une erreur de nivellement mette à mal la démonstration.

- 22. Archives de la Haute-Garonne, fonds du Parlement de Toulouse ; publié par Don Devic et Don Vaissette dans "Histoire Générale de Languedoc", pièces justificatives CCCXLVIII, pp. 932-945

- 23.  A sa mort en 1680 il en avait fait creuser 1400 m. Cf. Bergasse III, p. 155.

- 24. Ce bassin octogonal s'ensabla très rapidement. Il est actuellement en majeur partie comblé.

- 25. Dans Adgé, 1983, "Les ouvrages d'art du Canal du Midi", p. 109

- 26 Lettres à Monsieur Barrillon, 1672

- 27 Craignant par-dessus tout que le Canal manque d’eau, Riquet avait pris le parti de capter toutes les rivières qu’il rencontrait sur sa route. Chaque cours d’eau franchi était barré par deux chaussées qui formaient à cet endroit les parois latérales du canal. Les parties supérieures de ces chaussées  formaient déversoir. Celui de la chaussée d’amont alimentait le canal lorsque la rivière coulait. Celui de la chaussée d’aval, de même niveau que le plan d’eau du canal, évacuait le liquide excédentaire dans le lit naturel de la rivière. Il ne remplissait cette fonction essentielle qu’en période de hautes eaux et notamment lors des crues. Or, à chaque grosse pluie les cours d’eau charrient des alluvions qui se déposent dès que le courant faiblit. Afin de prévenir les inconvénients que cela présentait pour le canal, Riquet avait fait construire une cale (bassin de décantation ) devant chaque déversoir d’amont. Mais, comme il avait sous-évalué l'importance du phénomène sédimentaire, ce dispositif s’avéra totalement insuffisant. Les cales se comblant très rapidement, l’inconvénient de ces captages directs dépassa de très loin l’avantage qu’ils étaient sensés procurer. Le remède consista à les supprimer en les remplaçant par des ponts-canaux à l’image de celui que Riquet avait construit pour franchir le Répudre dans le Minervois (mais là c’était pour répondre à une contrainte du relief).

- 28. L'aqueduc initial constitua le noyau de ce barrage. On renforça le côté aval par un large remblai. A l'amont, on refit un parement soigné de manière à assurer l’étanchéité. L'ensemble est maintenant enseveli sous la route D4 qui relie Arfons à Saissac. Une partie du parement est toujours visible en contrebas de la route depuis l'aqueduc actuel.

- 29. En 1942, le lac du Lampy-vieux était complètement envasé et il fut désaffecté. Ironie de l'histoire, les ingénieurs du canal revinrent alors à la solution de l'aqueduc, mais cette fois en béton !

- 30. Lettres à Monsieur Barrillon, 1672

- 31. Dans "Le Canal du Midi, merveille de l'Europe", 2003.

- 32. Dans "Le Canal du Midi, merveille de l'Europe", 2003.